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Si certaines des propositions de François Bayrou sont séduisantes, les moyens dont il dispose pour mettre en oeuvre «la troisième voie» semblent très limités, sachant que tous les députés et sénateurs UDF sont élus avec les voix de l’UMP, certains même ne trouvant pas de concurrents UMP en face d’eux dès le premier tour aux élections législatives…

 Minoritaire au sein de la droite, il a fait le choix d'être plus visible en restant à l’extérieur plutôt qu’à l’intérieur d’un appareil construit avant tout pour servir un seul chef en la personne de Nicolas Sarkozy.     
 
Mais les positions de ce qu’il reste de l’UDF sont d’abord celles de la Démocratie Chrétienne qui s’est effondrée en France depuis la fin du MRP et en Italie notamment où elle a laissé la place à Silvio Berlusconi qui a pu rassembler à la fois des libéraux et des nationalistes.    

Aujourd’hui, il annonçe que le profil parfait du 1er Ministre qu’il désignera, s’il est élu président de la République, ressemblera comme un frère à un «Jacques Delors jeune»…

 

Comme tous les dirigeants politiques depuis 1958, François Bayrou a construit sa carrière politique personnelle en évoluant dans les institutions monarchiques de la 5ème République.

Il appartient à une sorte de «France d’en haut», un monde qui ignore plutôt les fins de mois difficiles qui taraudent tant de Français pour lesquels les difficultés financières se présentent dès le début du mois. La fréquentation des allées du pouvoir a ainsi créé un sentiment d’appartenir à une élite et François Bayrou ne doute plus aujourd’hui que son tour est venu, que les institutions gaullistes, qu’ils dénoncent par ailleurs, sont peut-être faites pour lui et que la France peut se gouverner au «centre». Aujourd’hui, certaines de ses propositions sont intéressantes :

- mise en place d’une 6ème République donnant plus de pouvoir au parlement.

- nouvelle loi sur l’élection des députés, à raison de 50% d’élus au scrutin majoritaire dans les circonscriptions et 50% d’élus à la proportionnelle avec une barre à 5% pour pouvoir être représenté à l’assemblée nationale.

- modernisation de l’état avec notamment l’idée d’une réduction du nombre d’échelons administratifs (François Bayrou est pour l’instant le seul homme politique à avoir «osé» parler de la suppression éventuelle des départements et des conseils généraux dont l’utilité est plus que contestable et qui coûtent une véritable fortune aux contribuables)

- interdiction pour tout gouvernement de présenter un budget en déficit.

- arrêt de la fuite en avant budgétaire qui consiste à faire financer de nouveaux projets par l’accroissement de la dette.
- arrêt de la baisse des impôts sur le revenu faite par Nicolas Sarkozy et jugée irresponsable.

- possibilité pour les entreprises de créer deux emplois sans charge

- loi de protection des PME leur garantissant notamment l’accès aux marchés publics

- augmentation de 50% en dix ans du budget de la recherche

- plafonnement progressif des niches fiscales

- taxation des énergies fossiles - etc…

Mais quelques petits rappels historiques permettent aussi de se souvenir de son positionnement politique passé : de 1993 à 1997, François Bayrou a été ministre de l’Education Nationale et dès son arrivée, il a voulu faire aboutir en urgence un projet de révision de la loi Falloux en présentant, au nom du gouvernement RPR-UDF de l’époque, un texte comprenant cet article : "Les établissements privés sous contrat peuvent bénéficier d’une aide aux investissements. Les collectivités territoriales fixent librement les modalités de leur intervention».

Il voulait ainsi permettre aux collectivités territoriales de subventionner les établissements privés au-delà du seuil des 10 % prévu par la loi Falloux. Une puissante mobilisation citoyenne et la censure du Conseil constitutionnel vaient permis de faire échouer cette tentative.

Le 3 juillet 2002, il approuve la déclaration de politique générale de Jean-Pierre Raffarin, nommé 1er Ministre par Jacques Chirac.

Le 15 octobre, il approuve la loi Fillon sur les salaires, le temps de travail et le développement de l’emploi qui prévoit notamment de nouvelles exonérations de cotisations patronales.

Le 19 novembre, il vote le budget 2003 du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Le 17 décembre, le groupe UDF approuve la loi sur les marchés et le service public de l’énergie.

Le 29 avril 2003, l’UDF vote la loi qui habilite le gouvernement Raffarin à légiférer par ordonnance pour «simplifier» la codification du droit.

Le 2 juillet, il refuse de voter une motion de censure du gouvernement Raffarin qui, par le projet de loi Fillon, s’attaque aux retraites par répartition en baissant notamment le montant des pensions.

Le 4 novembre, il vote le budget de la sécurité sociale pour 2004.

Le 5 avril 2004, il approuve la déclaration de politique générale de Jean-Pierre Raffarin.

Le 7 décembre, il approuve la loi Borloo, dite de «cohésion sociale»

Le 23 mai 2005, il approuve la loi de transposition des directives européennes sur l’ouverture des services postaux à la concurrence.

Le 15 novembre, il approuve l’application de la loi du 3 avril 1955 pour instaurer l’état d’urgence.

Le 6 décembre, il approuve la loi sur «le retour à l’emploi»

Le 30 mai 2006, il approuve encore la loi sur l’eau et les milieux aquatiques.

Depuis la rentrée politique de septembre 2006 et avec l’entrée dans la pré-campagne présidentielle, François Bayrou savait que s’il ne se démarquait pas de Nicolas Sarkozy, il serait complètement laminé par l’appareil UMP.

Rester coller à Nicolas Sarkozy, c’était disparaître. S’en distinguer, c’était refaire surface d’autant plus facilement pour lui que l’UMP possède à elle seule la majorité absolue des sièges à l’assemblée nationale et que les 30 députés UDF devenaient même ridicules en servant inutilement d’appoint aux 360 députés UMP.

Aujourd'hui, la politique que l’UDF a suivie, notamment depuis 2002, nuit à la crédibilité de la "troisième voie" que François Bayrou entend suivre comme futur président de la République. Mais c’est avec une certaine «bravitude» qu’il joue sans doute son avenir politique dans la qualification ou pas pour le second tour de l’élection présidentielle...

 

Tag(s) : #Institutions - Politique
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